Il arrive souvent que l’on ne comprenne pas que quelqu’un soit malheureux, alors qu’on juge qu’il a réussi à satisfaire tous ses désirs, qu’il a donc tout pour être heureux. Ce paradoxe nous interroge : faut-il satisfaire tous ses désirs pour être heureux ? Ce qui rend difficile la réponse à cette question, c’est d’abord la difficulté que nous avons à définir le bonheur : le bonheur n’est-il, comme on l’imagine spontanément, que le paroxysme, tant en intensité qu’en durée, du plaisir ? Si on admet une telle conception du bonheur, il y a donc un rapport nécessaire entre satisfaction des désirs et bonheur. Ce qui pose un nouveau problème, celui de notre capacité à réaliser un tel idéal : en effet, pour diverses raisons (limites matérielles, limites morales…), il semble impossible de réaliser tous nos désirs. Faire de la totale satisfaction de nos désirs une condition nécessaire au bonheur, n’est-ce pas alors se condamner à n’être jamais heureux ? Se pose donc enfin la question des moyens ou de l’attitude à adopter pour parvenir au bonheur. Cultiver nos désirs ? Leur Imposer au contraire des limites raisonnables ? Ou bien adopter une toute autre perspective sur le bonheur ?