L’histoire justifie-t-elle la violence ?

Dès l’école primaire, nous apprenons l’histoire et très vite nous sommes amenés à étudier les différentes guerres ou conflits qui ont émaillé celle-ci et ont abouti à des renversements du pouvoir politique, à des bouleversements de l’ordre social établi ou à l’instauration de nouveaux ordres sociaux. L’histoire en tant que science humaine aborde ces événements avec une méthode et un point de vue scientifique, avec une forme de recul sur les événements qui implique la neutralisation de tout jugement moral. Or sur le plan moral nous considérons au premier abord la violence comme un mal injustifiable : elle génère le plus souvent une souffrance qui, étendue à des peuples tout entier, confine au traumatisme, quand la violence ne va pas jusqu’à leur extermination. Mais il semble aussi parfois que l’usage de la violence peut être justifié : par la nécessité de se défendre, la nécessité de contraindre autrui à agir pour son propre bien, l’impossibilité de rester spectateur d’un conflit injuste ou encore l’échec de toutes les tentatives de compromis pacifiques. En nous exposant ces événements violents qui font l’histoire de l’humanité, en tentant d’en expliquer les causes et d’en montrer les conséquences, l’histoire justifie-t-elle la violence ? En effet, peut-on réellement décrire et expliquer sans prendre parti ? L’historien ou l’historienne, peuvent-ils réellement adopter un regard neutre et objectif sur les événements historiques, se soustraire à ce qu’ils ou elles sont, à ce qu’ils ou elles pensent ? Et peuvent-ils réellement soustraire leur recherche aux pressions ou récupérations politiques et idéologiques qui cherchent à idéaliser ou au contraire à effacer certains pans de l’histoire ? Enfin plus généralement, l’humanité n’a-t-elle pas besoin de croire en son histoire et de lui donner un sens en faisant de ces violences parfois inhumaines des moments paradoxalement nécessaires du développement et du progrès de l’humanité ?